Michael Joseph Jackson. 50 ans. 40 ans de carrière musicale. Des chansons qui ont connu un succès planétaire comme aucun autre artiste auparavant. Le plus gros vendeur de disques de tous les temps. Des tournées mondiales dans les plus grandes arènes au monde, des concerts joués à guichets fermés. Un sens du spectacle et de la mise en scène visionnaires, qui ont emmené l'entertainment sur une toute nouvelle planète. Les plus grandes manifestations d'hystérie dont l'Humanité ait souvenir depuis JC (Jesus Christ, bien entendu...). Un repértoire de chansons inoubliables, intemporelles. Une démesure colossale, à la hauteur du personnage qu'il s'est créé. Une vie privée espionnée, décortiquée, paparazzée depuis ses 5 ans. Une vie passée devant les caméras de télévision, les appareils photos, les micros. Une famille pas facile, un père tyrannique et abusif, une enfance inexistante, passée à travailler à des cadences infernales. Une sensibilité extrême palpable dans ses textes, dans ses interprétations, dans ses yeux. Des complexes et des moyens pour essayer de les vaincre peu communs, à sa démesure. Un monde parallèle créé pour échapper à une réalité dans laquelle il ne s'est jamais reconnu. Une transformation de sa peau, de son visage de son apparence comme pour fuir quelque chose qui lui déplaisait lorsqu'il était devant le miroir. Des dérives, des suspicions, des manipulations de son image, des accusations, des procès pour pédophilie. Des coups de pub, des mariages douteux, des enfants, tout pour donner une impression de "normalité" à une vie qui ne l'était pas. Des scandales, un refus de grandir, une obsession pour Peter Pan et pour l'enfance qui ont fini de parachever sa chute et son lynchage médiatique. Des tentatives de retour, dont une ultime qui devait avoir lieu dans quelques mois, à Londres, une renaissance après tant d'épreuves. Un dernier adieu à son public qui n'aura pas lieu, emporté par le coeur, ce baromètre impitoyable de la vie, qui l'a lâché après tant d'excès. De la gloire à la déchéance, du haut de la colline aux confins des êgouts dans lequel on a traîné son nom, sa personne, sa réputation. Voilà ce qui me vient en tête, en vrac, aujourd'hui, lorsque je pense à Michael Jackson, quelques heures après sa mort.
On peut dire tout et son contraire sur un homme, à plus forte raison lorsqu'il est mort. Diabolisation ou sanctification, aucune des deux dérives ne m'intérese, et ne devrait avoir cours maintenant qu'il n'est plus. Saurons nous un jour la vérité sur les accusations de pédophilie, sur le secret entourant ses transformations physiques, la vérité sur ses enfants...? Personnellement, même si je partage dans une certaine mesure cette curiosité parfois malsaine sur ces détails intimes de la vie du personnage le plus médiatique du XXème siècle, je sais en mon for intérieur que ça ne compte pas vraiment. Pas pour moi, simple fan de la musique, de l'Artiste. Au final c'est ce qui restera de Michael dans 50 ans. L'image de lui que je retiens? Pas celle de l'idole de plusieurs générations; pas celle du showman incomparable; pas celle du philantrope qui a tant fait pour les moins fortunés que lui, leur consacrant du temps de l'argent et de l'énergie pour défendre leur cause; pas celle du musicien, compositeur, interprète au talent immense; pas celle du caméléon aux mille visages et aux métamorphoses multiples; pas celle de l'accusé en procès pour pédophilie, ni du père de famille bizarre et enfermé lui même dans le complexe de Peter Pan. L'image que je garde de MJ est celle du 25ème anniversaire de la Motown: sur scène, il met le feu au public, il danse, chante et enchante, mais surtout, il prend plaisir. Ça se voit qu'à un moment donné, il est seul dans la pièce, il danse parce qu'il AIME ça, il vit à travers son art, car c'est un Artiste au sens complet du terme, comme il y en a eu peu avant et comme il y en aura peu après... quand il était dans son élément, sans besoin d'être celui qu'on attendait de lui, quand il était plongé dans ce qu'il faisait de mieux, Michael Jackson irradiait telle l'étoile qu'il était. Lui seul, bien mieux qu'Armstrong ou Aldrin, a marché sur la lune...