On chante toujours les mêmes phases de l'amour. Chanteurs, bardes, troubadours, poètes, tous ceux qui ont sublimé dans leurs textes et chansons le plus beau des sentiments, qui nous transporte dans les élans les plus romanesques, l'ont fait en prenant invariablement les mêmes moments:
-celui de la découverte, de l'ivresse initiale de la passion, du transport amoureux dans toute sa vigueur, l'éclosion inéxorable de ce qui semble une évidence tant cela va de soi;
-celui de la perte, de la souffrance indescriptible dans laquelle nous plonge le départ, la trahison, la fuite, le décès de l'objet de notre attention, de notre affection... La fin du monde, en somme;
-enfin, celui de la nostalgie contemplative, où l'on regarde en arrière, où l'on songe aux beaux moments vécus, aux circonstances qui ont amené à la fin de ce beau rêve, un mélange d'amertume et de tendresse, un passé revu avec le recul nécessaire pour en apprécier la mémoire.
Il manque donc la plupart du temps, à mon humble avis, le moment sinon le plus important du moins le plus long lorsqu'on a la chance de vivre un amour de longue durée: l'entre deux. On se lance dans une relation en esperant qu'elle durera 30, 40, 50 ans, une vie, en somme. Certains en oublient que, cette vie, il faut la vivre; ce qui veut dire qu'en dehors de la passion indispensable (?), il faut aussi compter avec celui qui est considéré par les éternels romantiques comme le plus grand ennemi du couple: LE QUOTIDIEN!
Entre le moment où elle commence et celui où elle s'achève, il y a cette période plus ou moins longue selon les cas où on se connaît vraiment bien, où on e sent dans cette espèce de "comfort zone", mais où forcément, il y a moins de surprise. Puis, la vie suivant son cours, on vit ensemble, on dort et se réveille ensemble, on se lave ensemble, on déjeune ensemble, on part travailler ensemble, on rentre, on dîne ensemble, on prépare le lendemain de travail ensemble, on re dort ensemble, on se re-réveille ensemble...
Les phéromones jouant un rôle essentiel dans l'attraction sexuelle entre deux mammifères, le fait de baigner en permanence dans une maison remplie de celles de notre chère moitié est le meilleur moyen de s'y habituer, et ce faisant, de réduire considérablement le désir physique. C'est chimique, c'est scientifique, et Beigbeder a très bien résumé l'affaire en un aphorisme: "on ne peut désirer ce qu'on a, c'est contre Nature!"
Sur quoi baser alors ce dit rapport que l'on souhaite éternel, quand la flamme, sans s'éteindre complètement, n'est plus cet incendie sauvage et incontrôlable du début, où le moindre effleurement déclenchait un torrent de passion et une simple moue de la personne aimée nous procurait des frissons de la tête aux pieds? C'est bien beau de succomber à la passion, mais il ne faut pas négliger ce qui devrait être un des socles de la relation à deux, la capacité à communiquer, à partager des goûts et intérêts communs, à découvrir et faire découvrir de nouveaux horizons à l'autre, avec l'autre... Je pense que ce qui contribue à rendre le quotidien, les factures, les crédits pour la maison, la voiture, les études des enfants, les beaux parents, le stress du boulot, l'indisponibilité pour sa famille, les périodes de doute, les crises de la quarantaine, les insécurités dues aux cheveux blancs, au petit bide et aux poignées d'amour, bref, LA VIE DE TOUS LES JOURS à deux/ en famille, c'est le fait d'avoir une vision commune de ce que l'on souhaite accomplir ENSEMBLE. Ça, plus de la patience, de l'ouverture, de l'échange, de la complicité, de l'espace (!), ce sont des ingrédients nécessaires pour faire en sorte que le "lived happily ever after" ne soit pas une vaste blague... Mais il ne faut pas oublier la folie, la surprise, l'imprévisibilité, cette envie renouvelée de plaire à l'autre par mille moyens, de lui faire savoir en permanence qu'il occupe nos pensées, notre coeur. Voilà, à mon sens, la partition la plus difficile à réussir, le dosage le plus improbable à trouver, l'inconnue qui fait que... Parce que avec tous les arguments logiques avancés plus haut, comme dans une thèse, on pourrrait croire qu'il suffit de suivre la recette pour que tout un chacun vive un bonheur durable et sans faille avec sa chère moitié. Mais le facteur aléatoire, HUMAIN, est ce qui fait la beauté de nos rapports, ce qui fait qu'on peut réussir quelque chose qui a tout pour ne pas réussir et inversement. C'est tant qu'on garde en soi cette volonté inexplicable et inexpliquée d'avancer, de devenir meilleur, de rendre l'autre heureux, sans que ça semble un effort, et qu'on est capable de la renouveler lorsque la vie et la réalité reprennent leurs droits, qu'on peut se dire qu'on est amoureux. C'est tant qu'on accomplit sans effort ce qui peut sembler en être un que la survie de la relation est assurée, pour peu qu'on arrive à se faire comprendre et à le faire comprendre à l'autre moitié du couple...
Tout dans la vie est sujet à changement. Le bon choix pour aujourd'hui peut s'avérer un mauvais choix pour demain, alors il faut que nous vivions avec cela en tête; les sentiments d'aujourd'hui ne sont sûrement pas ceux de demain, la vie elle même peut se charger de séparer des gens qui se croient faits l'un pour l'autre. Rien n'est jamais acquis pour toujours. Mais il est possible de préserver, de garder, de chérir ce à quoi on tient le plus, et avec de la volonté de part et d'autre, un peu de recul pour analyser les situations de tension (moi le premier je sais que ce n'est pas toujours facile!), beaucoup d'écoute, de compréhension et surtout d'empathie, cette capacité de se mettre à la place de l'autre... En somme, pour moi, Aimer, c'est contredire AU QUOTIDIEN l'aphorisme de Beigbeder!
Nous sommes tous imparfaits, des êtres faillibles. Quand on décide de se mettre ensemble, on aditionne les imperfections, différentes selon les personnes, parfois incompatibles, souvent gérables avec de l'intelligence, de l'instinct, et de l'amour. Reste à définir ce que chacun d'entre nous appelle de l'Amour...
6 comments:
si tu veux mon humble avis, c'est assez dificile d'écrire sur ce qui est monotone et le rendre intéréssant.Par contre c'est évident que ça doit être un sujet +passionant pour écrire une thèse de doctorat sur les relations humaines.
c'est tout le sens de mon article... mais le vrai but caché, n'est pas de rendre intéressant ce qui est monotone, mais de faire en sorte de voir à quel point ce sont nos habitudes et notre façon de nous "installer" dans une situation qui la rendent monotone. Il ne devrait y avoir rien de plus excitant, stimulant, motivant que de se donner les moyens d'être heureux et rendre ceux qu'on aime heureux dans la mesure du possible. on n'a jamais dit que ce serait facile, mais si ça l'était, je n'aurais pas eu à écrire ce texte...
mais ne crois tu pas que c'est assez étonnant qu'on ait a réfléchir sur la situation?je m'explique, l'amour étant quelque chose de naturel, pourquoi le vivre pendant une période de temps plus longue nous demande de faire tant d'efforts?par efforts ici il faut comprendre toute analyse et procédé le rendant le moins monotone possible, alors qu'a mon sens cela devrait être un peu comme une rivière qui suit son cours!!!
1- l'amour est quelque chose de naturel SELON QUI?
2- ce n'est pas parce qu'on a la capacité de réfléchir sur quelque chose et qu'on le fait qu'on est pour autant incapable de le vivre de façon spontanée;
la difficulté de faire durer vient du fait qu'on est deux, donc qu'il faut tenir compte de la sensibilité, de l'évolution, des états d'âmes non pas d'un mais de deux individus enn même temps. Parfois nous avons du mal à être en accord avec nous mêmes, alors avec quelqu'un d'autre...
puis n'oublions pas que jusqu'aux récents progrès de la médecine au XIX et XX siècles, vivre jusqu'à 60 ans était vivre vieux. aujourdhui il y a des gens qui recommencent leur vie à 60 ans, et en profitent encore pendant 30 bonnes années. Les rapports humains ne sont pas statiques, le croire c'est s'enterrer dans une fausse impression de sécurité qui ne peut que t'emmener inexorablement vers le conflit avec l'autre... we should allow ourselves to evolve, and live according to this evolution.
Ce que j'essaye d'expliquer cher ami, c'est que nous nous perdons trop en des considerations d'ordre rationnelle et délaissons notre côté spontanné.Je penese qu'aujourd'hui presque plus rien n'est naturel, même nos rapports ne sont pas naturels.Regarde du côté de l'amitié, il n'y a pas besoin d'écrire un article sur comment faire durer une amitié ni comment cela se fait qu'elles durent et pourtant...
je me cite: "Voilà, à mon sens, la partition la plus difficile à réussir, le dosage le plus improbable à trouver, l'inconnue qui fait que... Parce que avec tous les arguments logiques avancés plus haut, comme dans une thèse, on pourrrait croire qu'il suffit de suivre la recette pour que tout un chacun vive un bonheur durable et sans faille avec sa chère moitié. Mais le facteur aléatoire, HUMAIN, est ce qui fait la beauté de nos rapports"
je crois que nous disons la même chose, cher ami!
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