Michael Eugene Archer. Un adolescent gauche, introverti, rondouillard, qui passe son temps libre à jouer à des jeux video ou plongé dans sa musique. Son père est pasteur, la musique de Dieu est omniprésente à la maison. Michael joue du clavier, apprend la musique, a du talent... puis à 20 ans, sa vie bascule. Il écrit une chanson qui sera chantée par toutes les grandes pointures du R&B masculin de l'époque. "You Will Know". Une chanson sur les rêves de gloire, sur la réalité de cette gloire, le retour de bâton, l'importance d'avoir des bases solides. Prophétique...
Après ça, tout s'enchaîne. Un album sous le pseudo D'Angelo, "Brown Sugar". Un succès auprès du public et des critiques. Un son nouveau et vieux à la fois; inspiré de la grande tradition soul et tranchant avec les hits formatés R&B-pop du moment. La nu Soul est née. En un coup de baguette magique, ce wunderkind de la musique, touche à tout, écrit, co-produit et signe un album qui ouvre la voie à toute une génération, d'Erykah Badu à Maxwell, en passant par Jill Scott, Musiq Souchild, et j'en passe... un courant est lancé, un mouvement est en marche, lancé en 1995 par ce gamin de 21 ans. En quelques années, ce son rafraîchissant et nouveau, qui fait la part belle à la musique live, aux intruments, aux thèmes les plus divers abordés avec humour, sensibilité, subtilité, envahit la planète soul. Baduizm; Who Is Jill Scott; Urban Hang Suite... Puis le tant attendu Retour du Roi: VOODOO! Maintes fois repoussé, il voit le jour en 2000. Le deuxième album de Michael, alias D'Angelo, prend le monde de la nu soul à contre pied. Plus mature, plus introspectif, son vécu depuis son premier effort se ressent dans cet album moins léger, aux sonorités plus graves. Le petit Prince de la nu soul es revenu réclamer son trône, et il lui est incontestablement rendu! En se réinventant sans trahir l'essence de ce qui l'a porté aux nues, D'Angelo a placé la barre très haut pour les autres artistes, mais surtout pour lui même. Propulsé en deux albums au statut de sex-symbol/ messie de la black musique en perdition (l'avènement du bling bling semblait capable de rendre certaines valeurs obsolètes pour la jeunesse urbaine américaine), assailli par ses propres démons, D craque, s'enferme sur lui même.
Doute, pression de la maison de disque, dont les délais attendus ne sont en rien compatibles avec son rythme de création et son perfectionnisme (comme ce fut aussi le cas pour Erykah Badu, Lauryn Hill et autres artistes de cette trempe) , des déboires amoureux, décès de proches... C'en est trop pour cet hypersensible, dont la musique est un reflet et un témoignage fidèle de ses divers états... Il se réfugie dans l'alcool, la drogue, l'isolement... D'Angelo, fragilisé, enregistre à un rythme trop irrégulier, sa maison de disques le lâche, il est condamné pour conduite en état d'ivresse en 2005, et son public, qui ne l'a pas revu depuis la promotion et la tournée de Voodoo, le découvre bien différent du bel Adonis qui se met à nu dans le clip "Untitled (How Does It Feel)": il a pris 20 kg, a le visage bouffi par ses excès, la démarche peu assurée en entrant dans la cour de justice... Méconnaissable, incapable de sortir de sa spirale négative, il semble définitivement acquis qu'il est mort pour la musique... Sauf que! Certains de ses proches (le peu qu'il lui reste) assurent que D travaille plus et mieux depuis ces deux dernières années, que la sortie d'un album studio pourrait être pour bientôt...
Oui, mais quand? Cela fait presque 10 ans que son public attend, l'air de rien... Mais comme d'autres, des centaines d'autres, j'attends. Je me refuse à croire qu'un tel génie garde en lui pour toujours tout ce qu'il lui reste de musique, de vibrations, de sensations, d'histoires à raconter... alors j'attends. Que tel le phoenix, D renaisse de ses cendres...
1 comment:
Cela fait dix ans déjà depuis VOODOO?que m'importe s'il a rien produit de nouveau, que cela lui prenne dix ans.Je tripp toujours et encore a chaque fois que j'entends..." HOW DOES IT FEEL...."
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