"Make no mistake, we all die alone."
Telle est la phrase de Ryan Bingham à la jeune diplomée de Ivy League qui a essayé de revolutionner son poste, auquel il est rôdé par des années d'expérience. Son boulot? Virer des gens. Sa boîte l'envoie aux quatre coins des États Unis pour être le "visage" des plans sociaux d'entreprises dont les responsables n'ont pas le courage d'affronter ceux qu'ils virent! Ryan est très bon dans ce qu'il fait. Il est un fin observateur de la Nature humaine, qualité essentielle pour réussir à "contenir" les gens à qui il annonce leur entrée dans le monde merveilleux du chômage, donc de l'opportunité de repartir à zéro... quelle chance inouïe! Il a développé une sorte de carapace de cynisme et de solitude pour éviter d'avoir tout ce qui ressemble à un semblant de rapport affectif avec un être humain. Son détachement est essentiel pour accomplir sa tâche, il le dit lui même lors des séminaires d'entreprise qu'il donne quand il est pas en train de consoler ceux qu'il vient de virer. "What's in your backpack?", demande -t-il? Sous entendu, qu'est ce que nous portons comme fardeau qui nous empêche d'être libres, d'avancer au rythme que nous voulons? Il passe vite sur les choses matérielles pour arriver à la conclusion que nos attaches affectives sont ce qu'il y a de plus lourd dans nos sac-à-dos. Et il n'a pas tort, du moins dans l'importance de ces relations; de là à les considérer, comme lui, comme étant un fardeau, il y a un pas que je ne me permettrai pas de franchir, et pour cause: je suis en total désaccord avec cela.
Son style de vie? "pack light" toujours le petit trolley qui rentre en cabine, avec le strict indispensable, au point de se sentir un étranger chez lui, de se sentir à la maison dans les endroits les plus impersonnels qui soient au monde: les aéroports et les hotels. Son but dans la vie? atteindre les 10 millions de miles sur sa carte American Airlines, ce qui le ferait rentrer dans le cercle restreint des très TRÈS grands voyageurs de cette compagnie... Symboliquement, son but dans la vie est de prouver qu'il n'est attaché à rien d'autre qu'au ciel, "le meilleur endroit de la terre" selon Air France!
Ne pas permettre aux rapports de devenir personnels, ça semble être son obsession première. Et Ryan semble persuadé qu'il y arrivera en passant le plus clair de son temps à (se) fuir. Pour se protéger? On ne se protège de rien du tout dans cette vie, et surtout pas de l'attachement émotionel - il l'apprend bien à ses dépens! C'est écrit dans notre patrimoine instinctif que nous sommes des animaux sociaux, et même si parfois nous sommes victimes et parfois bourreaux, il est impossible, pour ne pas souffrir ou faire souffrir, de se couper ad vitam aeternam de tout rapport humain un tant soit peu chaleureux . Ryan Bingham a raison dans une chose: nous mourrons tous seuls. C'est un fait. Et c'est justement pour cela qu'il faut essayer de ne pas VIVRE seul. Partager les moments que nous passons sur cette terre avec ceux qui nous sont chers, c'est pour moi la seule chose qui est véritablement importante. Nous ne savons pas quand les bonnes choses prendront fin, ni quand notre dernier souffle va arriver. Permettre de se laisser surprendre par la mort sans faire comprendre clairement à ceux que nous aimons à quel point nous tenons à eux, c'est, au final, mourir deux fois... et ça, il en est hors de question, pour moi!
MY BACKPACK WEIGHS A TON! And all that I keep in it doesn't stop me from moving, it lifts me up out of the ground when I most need to be lifted. That's why, no matter the hurt, the tears and the hard times, I will never give up on love...
There is more to life than 10 million miles!
5 comments:
Magnifique Glenn! Merci de venir contrebalancer le poids de ce genre de foutaises cyniques jetées au nez du public comme des vérités à l'époque où l'on veut nous faire croire que le nomadisme (au moins professionnel) est la panacée universelle. Ils en oublient qu'il est plus facile d'aspirer à la bougeotte lorsqu'on est jeune, et que, l'âge avançant, la mobilité professionnelle devient esclavage et la stabilité impossible (retraites pourries, liens sociaux déliquescents, système de santé qu'on effondre volontairement).
Merci de le dire avec autant de finesse et de patience. J'en suis totalement dépourvu lorsqu'il s'agit de contredire ces nouveaux gourous.
Nach
Merci de ton compliment, X. Je trouve aussi que cette espèce de fuite en avant prônée comme mode de vie est navrant et dangereux. La vie est faite d'étapes, et je ne conçois pas la mienne sans la CONSTRUCTION au sens de stabilité. Après, dépendant de chaqu'un, de son caractère, de sa vie, cette stabilité prendra des visages différents. Mais fuir, chercher cet éternel je ne sais quoi je ne sais où, c'est à mon sens la meilleure façon de ne pas profiter de ce qu'on a déjà, sous les yeux, autour de nous, en nous... Connaissons le monde, je suis un grand voyageur et j'adore découvrir, connaître, étendre mes horizons. Mais même les oiseaux migrateurs font des nids...
Messieurs, face à tant de raison et de profondeur d'esprit, je ne peux que m'incliner.
Encore bravo pour cet excellent article, emprunt de sensibilité, de raison et d'efficacité!
Good job!
besoin de verifier:)
verifier quoi donc, anonyme? (et q dirais tu de prendre signer les commentaires d'un pseudo? je sais q j'ai pas beaucoup de lecteurs, emcore moins de commentateurs, mais si tous commentent sous "anonyme", je ne sais jamais si j'ai affaire à la même personne, notamment si je dois répondre à un message...)
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