Wednesday, March 31, 2010

Baryshnikov's Feet by Annie Leibovitz


Un danseur, c'est la grâce, l'équilibre, la posture, l'élégance, la force, l'attitude, la technique, la légèreté... mais tout ceci tient sur des PIEDS. Sur cette photo d'Annie Leibovitz pour Louis Vuitton, la photographe se met en scène avec son modèle, le danseur, chorégraphe et acteur Mikhail Baryshnikov. ce qui m'a le plus impressionné dans ce cliché, ce sont ses pieds.

Des pieds musclés, veinés, noueux, déformés à force de travail, de postures impossibles à tenir, d'arabesques et autres tours de force dont seul semblent capables les danseurs étoile. Des pieds de hobbit (les poils en moins) pour un homme qui a la grâce et l'élégance d'un prince slave; des pieds impressionants de force et de fragilité, comme s'ils avaient atteint leur point de rupture, qu'ils avaient été poussés au maximum de leurs limites, et que la prochaine arabesque risquerait de les faire se désintégrer. Des pieds qui ont tenu des années durant un homme qui a défié la gravité, des planches du Bolchoï à celles de l'American Ballet Theatre; des pieds qui valent de l'or, qui ont été sa plateforme de départ pour des vols lyriques ou bien réels, mais qui ont été aussi et surtout sa plateforme d'atterrissage. Ces pieds me fascinent par leur laideur visuelle autant que par leur beauté poétique. Cet homme fut toute sa vie un ouvrier travaillant de façon acharnée avec ses pieds... Ces pieds sont le socle de sa vie.

J'aime les beaux pieds. Sans en être fétichiste, je trouve que pieds et mains sont des détails de finition assez intéressants... on y lit bien plus que ce qu'on pourrait y croire, même dans des cas moins évidents que celui du danseur étoile. Grands, petits, à plat, en talons, des petits orteils dodus ou bien longs et élancés, ces pieds sur lesquels nous reposons toute notre vie, terminaisons nerveuses de notre corps, ces pieds qui nous portent, poussés à l'extrêmité basse de nos corps, souvent négligés ou oubliés, camouflés dans des godasses la majeure partie de l'année... Ces pieds là recèlent des secrets et des ressources insoupçonnées. ce sont nos fondations naturelles, au propre comme au figuré. Mais comme pour tout, la beauté inhérente à toute chose est subjective. Ceux de Baryshnikov sont tellement laids, que pour moi ils en deviennent beaux.




Tuesday, March 09, 2010

Holding on to what's Precious...



La grande messe des Oscars est toujours une occasion de parler de films (qu'on n'a pas forcément vus); ce dimanche, une fois n'est pas coutume, le grand cirque s'est déployé sur le monde, nous donnant à voir ce qui s'est fait de mieux (en principe) dans le cinéma américain en 2009. Entre la superproduction attendue au tournant (Avatar), l'ovni venu d'ailleurs (District 9), la chronique de la vie quotidienne façonnée pour gagner des prix (Up in the Air), le film révélé par les festivaux (Precious) et le gagnant surprise qu'on n'a pas vu venir (Hurt Locker, Les Démineurs en français), la compétition fut rude.

Les films que je viens de citer, je les ai tous vus. Le dernier en date, le seul que j'aie vu APRÈS les remises des Oscars, c'est Precious. C'est l'histoire d'une adolescente noire, d'un milieu défavorisé, qui doit se battre contre des obstacles que la plupart d'entre nous ne pourraient ne serait-ce que regarder en face...

Clarisse Precious Jones est Noire. Elle habite le quartier difficile de Harlem, New York, avec sa mère, une femme violente, dépressive, sans ambition ni but dans la vie, vivant de l'aide sociale et s'accomodant de cette situation. Precious est obèse; cela la rend victime de railleries, de moqueries et même d'agressions de la part de ses voisins, collègues de classe, etc. Precious est mère. Elle a été violée toute sa - courte - vie par son propre père, dont elle a déjà un enfant attardée et attend le deuxième à 16 ans à peine... Le père en question a déserté le foyer, abandonnant Precious à la rancoeur d'une mère qui n'a pas su la protéger, et l'a par la suite transformée en rivale (alors qu'elle n'était que victime). Sa mère la rabaisse à chaque occasion, l'agresse avec tout ce qui lui tombe sous la main, détruisant le peu d'estime qu'il pouvait lui rester à ce stade. Precious se réfugie dans un monde imaginaire, dans lequel elle serait une star de la chanson et du cinéma, adulée par des millions de fans selon le cliché de l'American Dream réservé aux noirs...

À chaque coup dur, plutôt que de réagir, Precious s'enferme dans cette rêverie, les cris de sa mère deviennent les acclamations du public, la langue râpeuse d'un chien sur son visage à terre devient le baiser langoureux d'un jeune éphèbe subjugué par elle... Et elle pousse son existence en avant de cette façon, jusqu'à ce que les circonstances l'obligent à réagir, à FAIRE plutôt que de laisser faire... L'exclusion de l'école, la réaction de sa mère à sa deuxième grossesse, la découverte de sa séropositivité... Precious est obligée d'arrêter ses rêves de BET, et de s'accrocher à des rêves à sa mesure: avoir son GED (bac), reprendre de l'estime en soi, et s'accrocher à la vie pour être présente pour ses deux enfants aussi longtemps que possible...

Precious n'est pas un compte de fées avec un happy end... C'est l'histoire de vies détruites par l'ignorance, la pauvreté, l'exclusion sociale, la dépendance à l'alcool, à l'aide sociale... C'est un portrait d'Amérique, un des nombreux possibles, une histoire tragique à l'écran mais hélàs bien trop banale dans certains ghettos... Le but du film, néanmoins, n'est pas de nous faire voir la vie en Noir, mais de nous pousser à croire en l'autre, en soi. Precious compte sur le soutien de plusieurs personnes qu'elle rencontre le long de son chemin de croix, des personnes qui lui apportent plus que sa mère et son père ne lui ont apporté toute sa vie. Ce sont ces gens qui la font se sentir aimée, appréciée, capable, humaine. Ce sont ces personnes qui vont lui permettre de s'aimer un peu, suffisamment pour se libérer dde l'emprise de sa mère et tenter de reprendre le goût à la vie, de donner à ses enfants ce dont elle a si cruellement manqué. Ces personnes l'aideront à recoller les morceaux d'une vie à laquelle elle ne semble pas tenir plus que ça, jusqu'au moment où elle apprend sa maladie. À la fin du film, on ne peut s'empêcher de se dire que cette enfant, mère de deux enfants, ne les verra pas grandir beaucoup, qu'elle est condamnée par celui même qui lui a donné la vie et ses deux enfants... Mais on la voit prête à profiter de chaque moment avec eux, de s'améliorer, d'apprendre, d'évoluer, de VIVRE!

Parce que trop souvent, nous laissons faire les circonstances, et nous nous retrouvons incapables de casser le moule du déterminisme qui nous enserre, ce film nous permet non pas de rêver, mais de voir la saleté, la noirceur dont l'âme humaine est capable, et de croire quand même à une forme de rédemption. Pour peu qu'on consente à en prendre le dur et tortueux chemin. Et à faire le premier pas. Ce pas qui nous sort d'un schéma pré-établi, d'un héritage de douleur et de rage, ce pas libérateur qui sera le début du lever de soleil... Ce film m'a fait entre autres choses, réaliser la chance que j'ai d'avoir tellement de pas d'avance par rapport à plein de gens, aux Precious de ce monde, qui eux, partent de très loin. Le jour où j'oublierai, égoïstement, d'en être reconnaissant, je commencerai à perdre des choses importantes dans la vie. Peut être est-ce déjà fait. Sûrement. Mais il ne faut pas que ces pertes me pèsent pour la traversée, mais qu'elles me poussent.

"A thousand miles-journey begins with a single step". Confucius

Monday, March 08, 2010

The limits of awakeness...



Je critique un film que je n'ai pas vu. Ce n'est pas bien. Ou plutôt: je critique un film que je n'ai pas réussi à voir. Pas faute d'avoir essayé... C'est juste qu'au bout de 15 minutes (pour les plus courageux) ce film devient un soporifique plus puissant que le vallium et le témesta conjugués! Alors oui, je suis un profane, je n'ai pas toutes les références de Monsieur Jarmusch, ni son érudition, ni son sens de l'esthétique léché ou que sais je encore. Je suis juste un regardeur de films. Parfois j'aime, parfois j'aime pas. Parfois je suis submergé par le film, l'histoire, et parfois le film me donne juste envie de zapper! Isaac de Bankolé en mystérieux tueur à gages neurasthénique, qui parcourt Madrid avec son regard vide et ses costumes très droits, ce rythme délibérément monotone, le ton monochorde de ces 15 premières minutes que j'ai vu et revu avant de capituler à chaque fois... Où est passée l'envie, dans ce film? La capacité de donner envie de savoir où va le personnage, ce qu'il va faire, pourquoi? Je ne l'ai pas ressentie. J'avais envie d'aller me faire un sandwich, me couper les ongles ou lire un livre à chaque fois que j'ai essayé de regarder ce film. Tout sauf le regarder. Pourquoi des réalisateurs à l'étiquette "intello" se sentent obligé de faire des films qui rebuteront 90% de la population humaine? pour se sentir incompris, différents, pour prouver leur avant gardisme, leur supériorité sur moi, public lambda? Je ne suis qu'un regardeur de films... Et pour moi, chaque film doit me faire l'effet de Citizen Kane (qu'ironiquement, beaucoup considèrent soporifique mais je trouve juste passionnant!): si j'ai pas envie de poursuivre le "Rosebud" du début à la fin, quitte à en être détourné par la maestria du conteur qui guide mon voyage, alors c'est pas la peine. parce que au final, un film, c'est aussi et avant toute chose de l'«ENTERTAINMENT»!

Friday, March 05, 2010

Things we Lost in the Fire...




Nothing good comes out of self pity. There must be a difference between expressing your grief and bitching and whining about it. At one point, we need distance from the situation, to try to look at it clearly. We need to get away from things in order to realize their true importance. We make mistakes, we learn from them. Then we take what we think we've learned, and we try to do something positive with it.

Many ways exist to deal with difficult situations. Some people just move forward, and pretend that those bad deeds never happened. Others are incapable of rising out of despair, and let themselves drown in their tears. Others need to scream and shout, to break things around, bring mayhem to their already cahotic world in order to subsequently start rebuilding. Others, on the contrary, rely on their never-changing rules and ethics, and follow them strictly in order not to lose the grip they (think they) have on events. Some heal with music. Some heal with company. some heal with loneliness. Some heal by taking care of themselves. Some heal by taking care of others. Some heal with time. Some heal trying all of the above until they find what suits them. And some don't heal.

I heal with words. At least I try. They are my playground, my painkiller, my means of expression, my best friends and worst enemies. But they remain just that: words. Words put together, with a meaning that can vary according to the context, situation. Words have many times picked me up from the bottom. Simple words, sincere words. Words have often brought me down. Hurtful words. Painful words. True words. Words have made me happy. Words have made me make people happy. Words have made me miserable. Words have made me make people miserable. Words are alive. Words are as material as a picture, as an object dear to us for whatever reason. Words are like the souvenirs that stay engraved in our memories. The good and the bad ones. One thing positive about words? We can't lose them in a fire. They are certainly the closest thing to immortality.

PS: the movie on the poster is a must see, "things we lost in the fire", with Halle Berry and the magnificent Benicio del Toro... He is one of the greatest actors of today, with an already impressive career...

Thursday, March 04, 2010

Carpe Diem, by Glenn


La conception de "Carpe Diem" de nos jours est associée à une façon de profiter du jour comme si demain n'existait pas. Carpe Diem ne veut pas dire "profite du jour présent", mais littéralement, "cueille le jour". La vie nous soumet tous les jours à des aleas indépendants de notre volonté, qu'on ne peut pas contrôler, qu'on ne peut pas prévoir, qu'on ne peut pas éviter, aussi bien préparés nous puissions nous croire. La corollaire de ça, ce n'est pas de se dire: puisque rien n'est écrit à l'avance, puisque rien n'est définitif, vivons sans nous soucier de demain, puisqu'il est incertain. NON! C'est justement parce que demain est incertain qu'il faut le préparer, si on tient à profiter VRAIMENT de la vie.

L'acte de cueillir présuppose qu'on a planté; donc qu'il y a eu un hier. Les fruits qu'on cueille et ce que nous en ferons représente le demain. Cueillir le jour veut tout simplement dire pour moi* ne pas attendre demain pour le faire, ne pas s'empêcher de dire et faire aujourd'hui ce qui nous semble être la chose à dire ou faire pour être heureux. Mais ce n'est pas d'un bonheur fugace et immédiat, mais bien d'un bonheur à long terme, d'un bonheur "global", général et durable. Les fruits de la cueillette d'aujourd'hui n'ont aucun intérêt s'ils sont consommés avec hâte, goulûment, sans être savourés... Carpe Diem, devenue une maxime des jouisseurs, fut écrite non pas par un débauché voulant goûter à tous les plaisirs avant que le jour ne se couche, mais par un homme qui, étant conscient du fil ténue qui nous suspend à la vie, conscient du chaos permanent qu'est la vie, cherche la sérénité dans les plaisirs simples, ceux qui elèvent l'âme et non pas ceux qui la consomment seulement.

Aujourd'hui je contemple les flammes qui consument mon cellier, où s'évanouit ma récolte de cette année écoulée. Je ne pouvais la consommer en un jour; je ne pouvais ne pas la stocker, vivant uniquement pour la récolte présente. Je ne sais combien de temps ce feu brûlera, abîmant un petit peu plus mon âme, qui n'en a nul besoin. J'espère qu'un jour tout cela vaudra la peine. Qu'un jour tout cela aura un sens. Quoi qu'il en soit, je dois m'efforcer de continuer. Car si demain n'est pas garanti, si hier est derrière moi, aujourd'hui je n'ai pas d'autre choix que de marcher. Les yeux humides. Le regard flou. Mais avancer. Vers demain. Car ne nous y trompons pas, aujourd'hui mènera TOUJOURS à demain...

CARPE PUTAIN DE DIEM, TOUT LE MONDE!

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*oui, POUR MOI! plutôt que de me traiter de maître de la vérité lisez le titre du post, c'est "by Glenn", selon moi, on a encore le droit de donner son avis en ce bas monde sans être accusé de vouloir IMPOSER son opinion ou d'être un dictateur intellectuel!!! et si vous n'êtes pas d'accord avec moi, venez en discuter, je suis ouvert au dialogue et au débat; mais lisez Horace un peu avant, car je l'ai fait...

Carpe diem, by wikipedia

Littéralement, cette phrase signifie « Cueille le jour présent et sois le moins confiant possible en l'avenir ». Elle est tirée de vers latins du poète Horace, intéressé par l'épicurisme et le stoïcisme (dans ses Odes, I, 11, 8 « À Leuconoé »). Elle résume le poème qui le précède et dans lequel Horace cherche à persuader Leuconoé de profiter du moment présent et d'en tirer tous les bénéfices, sans s'inquiéter ni du jour ni de l'heure de sa mort.

Rendu célèbre auprès du grand public depuis l'Antiquité, l'extrait Carpe diem fait l'objet d'une mauvaise interprétation : traduit par « Profite du jour présent » (alors que les deux mots signifient « cueille le jour »), est compris comme une incitation à l'hédonisme le plus fort, peut-être le plus aveugle, il perd tout rapport avec le texte original, qui au contraire, incite à bien savourer le présent (sans toutefois récuser toute discipline de vie) dans l'idée que le futur est incertain et que tout est appelé à disparaître.

C'est donc un hédonisme d'ascèse, une recherche de plaisir ordonnée, raisonnée, qui doit éviter tout déplaisir et toute suprématie du plaisir. C'est un hédonisme a minima : c'est unépicurisme (Horace faisait partie de ces épicuriens de l'ère romaine).

Wednesday, March 03, 2010

I cried for Help!



I cried for help
I swear I did
I desperately reached out my hand
And prayed whoever or whatever rules the Universe
For you to catch my hand
I guess the message was misunderstood
I guess I didn't make myself clear
I guess my message was fogged with fear
So I hara kiri-ed myself
Ungutted myself
Made a fool of myself
And bled myself to death
Trying to find Peace, any form of peace, any type of peace
I made many mistakes before
But the biggest unforgivenest one of all
Was to not clearly let you understand
How desperately I loved you
Today is Painful and Tomorrow Uncertain
And i ended up doing
Just what I promised myself
What i promised you I wouldn't:
I let go
I let YOU go...

Tuesday, March 02, 2010

Winner Mentality



Charles Barkley. Patrick Ewing. Karl Malone. John Stockton. Qu'ont en commun ces noms? Ce sont des joueurs NBA à la retraite, qui ont eu une carrière spectaculaire, ont battu des records, gagné des récompenses individuelles multiples, font partie des 50 meilleurs joueurs NBA de tous les temps. Un autre point commun: ils n'ont pas remporté la moindre bague de champion NBA!

Maintenant, vous vous demandez pourquoi je mets en photo un sosie de Will Smith avec le maillot des Spurs et portant le trophée NBA? c'est simple: vous avez devant vous le joueur NBA ayant remporté le plus de titres au cours de sa carrière, hors Bill Russell et ses Celtics, qui en ont gagné 11 en 13 ans! Cet homme, Robert Horry, a remporté 7 titres avec trois équipes, ce qui en fait un des basketteurs les plus enviés de la planète! Tour à tour ailier ou ailier fort selon les besoins de l'équipe où il se trouvait, Horry a su, sans être un joueur d'exception, apporter une contribution solide à chaque titre remporté. Très adroit à trois points, il s'est fait une spécialité de briller dans ce domaine en Playoffs, réussissant le plus de paniers primés durant les finales que tout autre joueur dans l'histoire de la Ligue.

Robert Horry était un bon basketteur, qui a su apporter son enthousiasme, son physique, son adresse et son expérience au long des années, et même s'il ne fait pas partie du gotha, de ces joueurs dont on retire le maillot une fois annoncée la fin de la carrière, il n'a pas à rougir d'avoir remporté le moindre de ces 7 titres "sur le banc". Sans être déterminant à la hauteur d'un Olajuwon, d'un Shaq ou d'un Tim Duncan, Horry a été un rouage actif et important de ces victoires. Il finit sa carrière avec zero sélections pour un All Star Game, zero compétitions internationales avec USA Basketball (championnat du monde ou olympique), zero récompenses individuelles, mais quelques records personnels, un volume de jeu et une attitude hargneuse qui rendent son palmarès respectable. Robert Horry est le gars ordinaire qui a vécu, sans qu'on y fasse attention, un destin extraordinaire. Charles Barkley a passé sa carrière à se faire barrer la route du Championnat NBA par Jordan & Co., malgré son titre de MVP, ses qualités athlétiques, de leadership, sa hargne et son style de jeu très spectaculaire! Barkley restera dans l'histoire du basket comme une image, Horry comme une statistique; un mec qui a eu la chance d'être au bon endroit au bon moment... Et si ce n'était pas que de la chance? Et si, au lieu d'essayer d'être les prochains Lebron James de cette vie, nous nous efforcions plus, comme Horry, d'être une partie d'un tout, plutôt que le tout en question? Horry n'a pas révolutionné le basket, mais il restera longtemps "le mec qui arrive dans un club et celui ci devient champion". Ces clubs avaient déjà leurs superstars avant son arrivée. Il leur manquait peut être le petit plus, le Soldat qui ne rechigne pas à la tâche, qui joue intensément et qui gagne en équipe.

Je ne fais pas l'apologie de la médiocrité, contrairement à ce qu'on pourrait penser... La voie du milieu est la voi difficile à suivre par excellence - encore faut-il le trouver, ce milieu, et s'y tenir! - et donc la plus glorieuse en termes de rapport efforts/ résultats. Puis, 7 bagues de Champion NBA, beaucoup en ont rêvé et traversé leur carrière en se contentant d'en rêver. Horry, lui, l'a fait! Si c'est ça la médiocrité, quelque part elle a du bon, au final...

Monday, March 01, 2010

Heureux qui comme Ulysse...(?)


"Heureux qui comme Ulysses a fait un beau voyage..."

Eh bah Joachim*, je suis obligé d'être en désaccord total avec toi. Ulysse aurait fait un beau voyage?? Poussé hors de son Ithaque natale pour les besoins d'une guerre qui ne le regardait en rien, après une campagne harassante et un siège de 10 ans autour de la ville de Troie, un retour tout aussi long, fastidieux et semé d'embûches, tu appelles ça un beau voyage?

S'il était un personnage actuel, Ulysse ne serait pas un Roi, mais un businessman, parcourant la planète, vivant dans les aéroports et les hotels, en permanence caféïné et jet-laggé; il devrait affronter tempêtes, grèves, annulations de vols, longues files d'attente pour l'embarquement, déshabillage, passage au détecteur de métaux, scan des bagages à main (que des liquides de moins de 100ml - autrement, poubelle!), bagages perdus, égarés, oubliés dans l'aéroport précédent, des enfants bruyants qui empêchent de dormir pendant tout le vol, des passagers adultes tout aussi bruyants, appelant les hotesses toutes les 15 minutes pour des caprices, des paniqués de l'avion, des moulins à paroles assis à côté de lui pendant un vol de 7h, des taxis, des embouteillages, du stress, des miles qu'il aurait oublié de valider à l'enregistrement...

À côté de ça, Pénélope ménerait sa vie paisible à Ithaque, gérant son magasin de fringues (bah oui, quitte à tisser pendant 20 ans, autant que ça rapporte), repoussant les éternels soupirants qui la courtiseraient pendant que son mari vend des solutions informatiques de pointe et autres chevaux de Troie... Télemaque deviendrait un ado à problèmes, frustré par l'omniabsence de son Père, et désireux d'attirer son attention à chaque occasion, il multiplierait les coups d'éclat et les conneries plus ou moins sérieuses... Conscient de la vie difficile qu'il mènerait, Ulysse trouverait sur son chemin des obstacles, des détracteurs qui essaieraient de lui barrer la route et de le dévier du chemin qu'il se serait tracé. Il serait poussé par le chant des sirènes à s'empaler sur les rochers de la défaite et de l'abandon, il aurait la tentation de passer plus de temps que de raison chez Calypso, ce fantasme ambulant qui lui ferait des promesses de mille douceurs et caresses dont il ne pourrait se passer, et qui l'aideraient à affronter son existence avec le sourire, sans les chaînes de l'emprisonnement familial et toutes ses responsabilités... Mais, trop consciencieux, trop fidèle pour se dérober à ses obligations et devoirs, ce héros moderne finirait par rentrer dans son foyer, et essayer d'affronter et résoudre les problèmes du quotidien, plutôt que de se réfugier dans un existence onirique et idéalisée, mais oh! combien lointaine de son idéal à lui... Ulysse, aujourd'hui, ce serait l'Homme adulte, tourmenté par ses envies, ses besoins, mais dont la sagesse lui ferait comprendre où se trouve son intérêt dans la grande mascarade de la vie...

Ulysse, ce pourrait être chacun d'entre nous, Ulysse, ce pourrait être tout homme ou femme qui, à un moment donné, se doit de faire des sacrifices, des choix, et les assumer pour parvenir à l'aboutissement d'une vie d'adulte épanouie, sans renoncer à la fantaisie nécessaire pour rendre l'existence supportable, mais sans y succomber totalement non plus... Ulysse, c'est l'Homme, et son voyage, c'est la vie... Beau? Pas toujours! Mais c'est un voyage qui ne s'achève que dans le tombeau, et tant qu'il dure, on se doit de le rendre le plus conforme possible à nos aspirations profondes...

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*Joachim Du Bellay, "Heureux qui comme Ulysse a Fait un Beau Voyage" sonnet extrait de son recueil "Les Regrets"