Saturday, June 28, 2008

FUCK lévitique 19:28!


Lv 19,28. « Vous ne ferez point d'incisions dans votre chair en pleurant les morts, et vous ne ferez aucune figure ni aucune marque sur votre corps. Je suis le Seigneur. »

Dieu est donc contre le tatouage. Bien. Je n’en suis pas à une entorse près de la Divine parole.

Tout au long de l’histoire, depuis son apparition au néolithique, cette pratique a toujours représenté beaucoup pour ceux qui en portaient. Des rites religieux des divers peuples du Pacifique ou d’Amérique du sud à l’affirmation d’un rang, de l’infamant matricule imposé par les nazis à leurs victimes au CV criminel des gangs de L.A., de symbole d’appartenance à forme de rébellion ou atout de séduction, le tatouage en a vu de toutes les couleurs, et laisse assez rarement indifférent.

En Polynésie, d’où est originaire le mot (de tatau, qui signifie « dessiner »), les corps sont recouverts d’encre depuis des siècles, chaque dessin, chaque emplacement, chaque symbole ayant un sens bien précis. L’on y lit l’arbre généalogique, l’histoire de la lignée et le caractère de celui qui le porte. Dans ce cas bien précis, comme dans bien d’autres d’ailleurs, le dessin est un vrai vocabulaire, un moyen de communication. C’est une vision du tatouage que je partage, car je me vois mal me promener jusqu’à la fin de mes jours avec une fleur ou un papillon sur la peau juste pour faire joli, comme un vêtement sur lequel on aurait craqué. Je pense au contraire que le tatouage que je me ferai faire devra être chargé de symbolique, avoir une réelle signification. Voici en somme ce que je veux qu’il soit pour moi :
Je le ferai sur mon bras gauche pour deux raisons, une pratique et l’autre symbolique. D’abord parce que c’est un endroit du corps moins sujet aux déformations temporelles que d’autres ; ce sera sur le bras gauche parce que je suis gaucher, il sera donc l’articulation de mon bras « valide », le point de départ de mes actions, il m’aidera à soulever mon Excalibur ; puis franchement, ça m’arrange d’être gaucher, car j’ai une vilaine cicatrice sur le bras droit, et ça le ferait nettement moins…

Pour ce qui est de son aspect, j’y travaille, sachant que j’ai depuis le début une idée assez précise, mais qui évoluera forcément selon le talent du tatoueur, les contraintes techniques, etc.
L’image que je veux c’est un « pensador », figure mythique de l’art angolais, et qui me représente assez bien. Je pense beaucoup. Beaucoup trop parfois. Ça a du bon et du mauvais, mais c’est qui je suis. « quod me nutrit me destruit »Un penseur, donc. Ce penseur sera au milieu d’une spirale/ d’un cercle d’une certaine épaisseur, et cette spirale sera composée d’éléments, de symboles représentant des étapes importantes de ma vie. Mes origines, mon nomadisme, « mes » cultures, mes constructions, mes victoires, mes défaites, ma projection sur l’avenir (un prochain tatouage ?). Je veux que tout ceci soit représenté de façon simple et belle, et après avoir écumé des dizaines de pages de tatouages sur le net, je me suis décidé pour un stylisme polynésien. Ce sera puiser à la source de cet art, m’approprier un langage qui ne m’appartient pas et le faire mien. L’histoire de ma vie, quoi ! Ayant vécu dans trois pays différents, fréquenté une dizaine d’établissements scolaires, appris une langue par besoin et une autre par plaisir, ayant baigné dans des univers musicaux aussi divers que peuvent l’être le semba, la soul, le hip hop, la samba, je suis décidé à créer ce tatouage à mon image, tel une partition, un plan d’architecture, un carnet de voyage dans le temps. Une composition où le plein aura autant d’importance que le vide, les silences en diront autant que les mots, le contraste de l’encre noir sur ma peau marron donnera, j’espère, un résultat coloré de sens. Je tâtonne, me tâte depuis un bon moment, je réfléchis… mais il sera bientôt temps de passer à l’action. Et une fois le premier fait, je pense que d’autres suivront. Je vais faire de ma peau ma toile. N’en déplaise à Dieu...

5 comments:

Unknown said...

J'ai hâte de voir le fruit de tant de réflexions sur la symbolique du tatouage.
Perso la beauté se suffit à elle même et n'a nul besoin d'artifices pour être sublimée. Le corps humain dans son infinie complexité n'échappe pas à la règle.... Ça n'engage que moi.

Anonymous said...

pas d'accord pour le blasphème mais j'adhère tout à fait à l'écriture! Dommage de dissocier le fond et la forme mais même si ce que tu dis du tatouage est dicsutable, j'ai pris beaucoup de plaisir à te lire!... une fois de plus!

Unknown said...

ce que je veux faire sur ma peau est en même temps quelque chose d'universel et d'intemporel (le tatouage a éxisté dans diverses civilisations depuis des milliers d'années), tout en restant une démarche personnelle. je ne veux m'inscrire dans aucune tradition ou m'associer à une quelconque démarche commune, et si j'ai écrit cet article c'était avant tout pour m'interroger sur les motivations des gens qui le font, et les miennes en particulier. je n'ai pas ét+e exhaustif sur les raisons qui m'amènent à le faire, elles sont multiples, contradictoires, douloureuses et heureuses à la fois... puis chacun doit pouvoir exprimer son avis sur la question, c'est le principe du débat!
le corps humain n'a pas besoin d'artifices, mais ce n'est pas de la déco, pour moi... l'idée de se faire tatouer relève de l'intimité et de l'exhibition, car il sera visible aux regards des autres, mais ils n'y verront pas tout ce que moi j'y verrais, j'y mettrais.

Anonymous said...

tu ne le fera certainement jamais....

Unknown said...

tant de certitudes, cher lecteur, tant de certitudes...