Je pense qu'on peut parler d'une série générationnelle. Une des premières. Avant les Beverly Hills, Hartley et autres qui traitaient l'épineux sujet de l'adolescence et le passage à l'âge adulte, Fame est passée par là. Sur fond d'école artistique, où des aspirants chanteurs, danseurs, musiciens, cinéastes et auteurs en herbe viennent parfaire leur art, nous avions l'analyse de la jeunesse des années 80, leurs rêves, les dures réalités auxquelles elles étaient confrontées, les inégalités sociales, raciales, la drogue, la pression parentale, la poursuite d'un rêve...
Aujourd'hui, 30 ans après, une nouvelle génération d'acteurs, musiciens, danseurs et chanteurs prends le relais, dans un film qui surfe beaucoup sur la célébrité de l'original et de la série. Et le nouveau film, la promotion 2009 tient quelques talents indéniables. L'énergie de ces jeunes assoiffés de célébrité, qui vivent leur métier, leur art avec passion, est communicative. Quand ils font le gigantesque boeuf dans la cantine, se mettent à jouer, rapper, chanter, danser, de façon aussi spontanée qu'ils auraient accompli un besoin vital, on se dit qu'on aimerait être à leur place...
Ça faisait longtemps que voir des gens danser ne me donnait pas autant envie d'en faire de même. J'ai eu envie de jouer d'un instrument, de chanter, danser, mais je n'ai pas ce qu'il faut pour le faire. Mon art à moi, que je ne prétends pas maîtriser, tout juste je le pratique maladroitement, c'est l'écriture. J'écris comme un hobby, par besoin de m'exprimer, par amour de la chose écrite, mais je ne saurai jamais ce que ça aurait pu donner si j'en avais fait mon choix de vie...
Alors me voici, en train de pratiquer ce que je sais faire, ce que j'aime faire, ce que je rêverais de faire... Et en train de critiquer l'écriture du film, justement. Si le tempo est assez enlevé, rythmé par les performances de ces wunderkind du monde artistique, il y a trop de personnages et trop peu de temps pour qu'on les connaisse, qu'on s'y attache. On suit l'histoire de la fille dont les parents veulent qu'elle fasse de la musique classique; du garçon qui vient d'une famille monoparentale et a connu les affres du ghetto; du danseur venu du fin fond de l'Iowa pour tenter sa chance dans la Ville de Tous les rêves; de la jeune chanteuse timide, bourreau de travail mais qui a du mal à se lâcher... On suit tout ce beau monde, on commence à peine à entrer dans la trame de leur vie qu'une ellipse nous amène à l'année suivante, avec de nouveaux défis... Des histoires d'amoue se tissent en filigrane, les acteurs, inconns pour la plupart, tiennent très bien la route, mais c'est l'écriture qui a été trop ambitieuse, et du coup a raccourci un peu trop une aventure qu'on aimerait suivre longtemps encore... Pas sûr qu'après ce film on se souvienne de Denise, de Marco ou de Joy comme on se souvient encore aujourd'hui de Coco, Leroy ou mlle Grant, la mythique prof de danse dont le discours apparaît au générique de la série... Ou alors, pour que cela arrive, il faudrait, comme pour le film original, en faire une série... En tout cas, ce serait une série que je regarderais!...