Wednesday, June 23, 2010

On est beaux, on est jeunes, on a 30 ans!


Nous sommes de jeunes cadres dynamiques, des fin vingtenaires - début trentenaires, urbains, cosmopolites, habitant la grande ville et en croquant les vices et les plaisirs à pleines dents. De jeunes gens ambitieux, professionnellement, personnellement, familialement. Qui ne voulons pas entièrement renoncer à la vie à laquelle nous nous sommes habitués depuis l'époque de nos études. Les soirées, les aperos, la vie de noctambule, les plaisirs devenus vices et inversement... Renoncer à ce style de vie, ce serait, à cette période charnière de nos vies, dire un adieu définitif à notre jeunesse, à nos années insouciance. En même temps, nos objectifs professionnels se doivent d'être atteints, et c'est maintenant que ça se passe; nous sommes au sommet de nos capacités, en haut de la pyramide, NOUS SOMMES CEUX QUI SONT CENSÉS DOMINER LE MONDE SOUS PEU!

En parallèle, le besoin de stabilité émotionnelle, amoreuse et familiale fait envisager des changements, des pas "d'adultes": vie à deux, engagement, enfant, mariage... C'est la période, l'horloge tique, les aventures sans lendemain n'ont plus le même attrait qu'i y a 2, 3, 5 ans... Construire, BORDEL! On veur construire en parallèle les différents piliers, édifier notre vie sur un support solide, lâcher prise de certaines choses pour mieux en attraper d'autres. Et au milieu de tout ça, dans un tourbillon de folie, de changements en tout genre dans notre société, dans les modes de travail, dans les modèles familiaux... Le choc des générations, on se le prend en pleine face comme aucune génération avant nous (c'est ce qui doit se dire chaque génération qui passe par là!), l'ère de la communication virtuelle abolit les frontières, facilite les connexions mais inhibe comme jamais l'établissement de rapports vrais, chaleureux, humains... Nous avons le monde au bout des doigts, de nos laptops, iPhones, BlackBerrys et autres appareils de flicage massif, mais nous sommes éloignés comme jamais de ceux que nous croisons tous les jours à la boulangerie, sur le trottoir d'en face, dans le métro... Pour nous ratacher à des racines, outre les familiales dont nous venons (ou cherchons encore) de prendre notre envol, nous avons notre tribu. Un mix de potes de lycée, de potes de fac, de potes de sortie, de potes de potes, d'héritages amicaux d'anciennes relations amoureuses... On en a parfois plusieures, des tribus; dans des milieux et des cercles différents (dans des pays différents, pour les plus cosmopolites d'entre nous!).

Cette tribu peut commencer comme un large "melting-pote", mais se réduit, le plus souvent, à des groupes de gens qui nous ressemblent. Pas tous, pas de la même façon, pas sur les même points, mais cette "famille choisie", elle va prendre le relais de la famille de sang (le temps qu'on se réconcilie avec), et avant qu'on ne s'en rende compte, on sort moins en boîte ou dans des pubs, on prend beaucoup plus de plaisir à nous retrouver chez les uns et les autres, pour des bouffes, des apéros, des vacances ensemble... On échange sur un plan plus personnel, plus rapproché, et c'est parmi ces gens là qu'on choisit les témoins des moments importants de notre vie. Cette tribu, parfois composée de micro-tribus, des atomes plus proches au sein d'un groupe plus large, ce sont ceux qu'in appellera des "amis proches", des "amis intimes". Ceux que nos enfants appelleront "tata" et "tonton" alors qu'il n'y a strictement aucun lien de parenté. Ce sont ceux qui paraitront sur nos centaines d'albums photos dans notre disque dur externe des années "jeunesses". Cette tribu, ce sont ceux qui atténuent les doutes, les douleurs et les défis qu'on traverse à cet âge crucial. Ces amis là, is nous soutiendront. Certains se perdront en route, séparés par la vie, mais ceux qui resteront... Ce sont ceux qui rendront supportable le fait de vieillir, car ils vieilliront avec nous. Ils seront notre mémoire de quand nous étions beaux, jeunes, trentenaires et éternels...

3 comments:

Nach said...

Tu me fais peur... ;-) Ceci dit, pardon de ne pas faire dans le constructif tout de suite (le temps manque), mais je crois que le terme de "tribu " n'est plus tellement utilisée ni par les ethnologues ou sociologues, ni par les pubards... Pourquoi ? Par quoi est-ce que ca été remplacé?
Ce qui est remarquable en tous les cas, c'est que ces concepts ont permis d'effacer les concepts de classes sociales, et de faire croire aux gens qu'ils étaient tellemetn tous différents que seuls de petits groupes pouvaient se reconnaître et s'amalgamer les uns aux autres, de préférences autour de choix de consommation...
Nach

Unknown said...

j'ai employé ce terme en fonction de mon propre ressenti, en faisant abstraction de toute prétention ethno-sociologique. je me contente de partager mon regard sur mon nombril. dans mon cas précis, ce sont les concepts de frontières physiques qui sont effacés: je vis à Lisbonne, j'ai ma fille a Montpellier, ma famille et mon meilleur ami en Angola, mes amis à Paris... alors, ce qui me rapproche de tous ces gens? le vécu commun. dans ces conditions, chaque minute, chaque seconde passée ensemble est employée à bon escient...

p.h said...

Bel article.Trés touchant et cela décrit un peu ce que je te disais l'autre jour...Les 30 ans c'est assez violent...LOOOOOOOOL