Monday, November 16, 2009

chapitre 28

(Sur la Photo: Christine de Chasteigner et ses deux enfants, Frédéric et Charles Beigbeder)
Je ne suis pas spécialement sensible aux prix littéraires, ni aux prix en général. Mais je n'ai pas pu m'empêcher d'être content d'apprendre que Frédéric Beigbeder a eu le prix Renaudot. Même si le concept de compétition entre écrivains me semble incompatible avec ce qu'est la littérature pour moi; ce qu'on écrit vient du fin fond de soi, et quel que puisse être le style ou le thème abordé, celui qui écrit se livre. Plus qu'on ne l'imagine. Plus que l'écrivain ne l'imagine lui même, parfois...
Donc, Fredo, le déjanté, le dandy, le trublion de la littérature française de ce début de siècle, celui qui a eu son coup d'éclat en mettant un coup de pied dans l'industrie de la publiclté (qui le nourrissait), qui est un des noceurs les plus célèbres de Paris et d'Europe, celui qui a traîné sa gouaille Wildienne dans tous les salons ou il fallait être, qui a créé à son tour SON prix littéraire (le Prix de Flore, qu'il a eu la correction de ne jamais remporter!), eh bah cet homme qui écrit sur sa vie en se cachant derrière Marc Marronnier, Octave Parengo ou Oscar Dufresne, a remporté son premier prix littéraire "Majeur" en écrivant à la première personne, sous son vrai nom, le souvenir romancisé de sa vie... Je ne vais pas rentrer dans le détail de ce que j'ai pensé de ce livre, je suis un adepte depuis longtemps, depuis que j'ai lu "Nouvelles sous Ecstasy" (merci PH!), suivi de "l'Amour Dure Trois Ans", "Mémoires d'un Jeune Homme Dérangé" (le seul titre est une référence délicieuse à Simone de Beauvoir). Je ne parlerais donc pas (ou peu) de l'étrange impression de lire ma biographie à chaque livre de FB q j'ai lu (alors que nos vies ont été aussi éloignées q possible l'une de l'autre, ou peut être pas tant que ça justement...). J'en suis donc arrivé à me dire que jamais je ne pourrai écrire mon autobiographie, car elle ressemblerait (en plus maladroit) à un livre de Beigbeder. Je prends donc son autobiographie, "Un Roman Français", pour vous faire part de plein de situations que j'ai vécues et qu'il a écrites. Beigbeder est allé très loin dans ses souvenirs, décortiquant les rapports qui le lient à tous les gens de son passé, et notamment son frère. Rarement un chapitre m'a autant frappé que le chapitre 28 d'"Un Roman Français", de Frédéric Beigbeder. Il parle de MOI! Il met des mots sur des émotions qu j'ai ressenties, presque exactement de la même façon, comme si, au final, ça ne pouvait se passer QUE comme ça, les rapports grand frère-petit frère. C'est la plus belle déclaration d'amour fraternel qu'il m'ait été donné de lire. Je ne peux que vous inciter vivement à le lire. Vous qui avez un grand frère. Vous qui avez un petit frère. Vous qui n'avez pas de frère.

Thursday, November 05, 2009

Tu la veux, ta récompense???


L'Homme avance. L'Homme évolue. L'Homme se dépasse. Et tout ceci dans un but bien précis: celui de recevoir une récompense. La neuroscience a même établi que c'est un système fondamental (appelé "système de renforcement"), qui fait qu'on avance. Les renforcements sont grosso modo de trois ordres: cognitif (apprentissage), motivationnel (nous pousse plus loin pour atteindre une récompense ou échapper à une punition, en gros on est tous des chiens de Pavlov) et affectif (correspondant au plaisir provoqué par la récompense).

J'ai donc choisi de m'intéresser au renforcement sous l'angle affectif. Oui, parce que le fonctionnement neurologique, les régions du cerveau que cela affecte, tout cela est bien entendu passionnant et nécessaire pour une compréhension un peu moins succinte du phénomène, mais ce n'est pas ma came (cf les liens pour les détails techniques). Ce qui m'intéresse, c'est de voir les effets de ce système de récompenses dans le comportement humain, dans notre vie de tous les jours. Et dans la vie de tous les jours, il y a un exemple, sinon L'EXEMPLE par excellence qui illustre à merveille ce propos: le SEXE.

Petit retour au versant scientifique pour préciser que l'Homme, comme quelques autres rares espèces, ne pratique pas le sexe dans le seul but de reproduction, mais de trouver du plaisir érotique. Ce plaisir induit toute une série de réactions endocrinologiques qui font ressentir un bien être physique et émotionnel tel que l'on cherche à le reproduire autant que possible. En gros, on baise parce que c'est bon, pas (seulement) pour avoir des enfants. J'entends déjà les pères moralistes dire qu'il s'agit d'une dérive de la société moderne, que de leur temps les gens savaient se tenir, qu'il y avait de la morale et pas toute cette fornication ambiante du XXIème siècle, signe de fin de monde! Je n'ai qu'une chose à leur répondre: les premiers préservatifs connus datent d'il y a 5000 ans! Gardez donc vos refrains moralistes pour quelqu'un que ça intéresse, et documentez vous sur le monde dans lequel ont vécu vos arrière-arrière-arrière grands parents, vous verrez que parfois en comparaison, les "jeunes fornicateurs" de nos jours sont pratiquement des anges!

Reprenons le fil ténue de cet exposé, si vous le voulez bien: faire l'amour apporte du plaisir, ce plaisir fait du bien, on cherche à le reproduire (le plaisir, pas l'être humain). Objection possible: la Nature (ou Dieu, le Créateur, Allah, selon les croyances) dans sa grande sagesse a rendu cette fonction "agréable" pour faciliter la reproduction et assurer la survie de l'espèce. Certes, c'est une hypothèse, et je pense qu'il y a une part de vrai là dedans (même si pour certains animaux, ce n'est pas une question de plaisir, et ils continuent quand même de se reproduire).

Que dire alors des comportements sexuels n'ayant pas pour but la reproduction, mais le plaisir pur et simple? Contre Nature? Perversion? Pas si sûr non plus. J'en veux pour exemple la fellation. Ça ne sert à rien d'un point de vue reproductif, et pourtant les Hommes la pratiquent, ainsi que d'autres espèces -les chauve souris, les bonobos, qui s'en servent comme méthode de résolution de conflit (sages animaux, ces bonobo!) - et plus j'en chercherais, plus j'en trouverais, des adeptes...

Quel est donc le secret de la fellation? Qu'est ce que la pipe, en vrai? C'est un mélange de plein de choses. Du point de vue purement masculin, c'est une stimulation directe du pénis, donc forcément agréable. Elle permet de reproduire la sensation de pénétration dans des conditions différentes, tout en conservant le côté chaud, humide et accueillant, la succion reproduisant la fermeté des paroies vaginales. Voilà pour le côté physiologique. Après, psychologiquement (parce que oui, le plaisir n'est pas qu'une questioon d'echaînements physiques, tout passe par le cerveau, et celui là est gourmand en sensations mais aussi en émotions), le succès de cette pratique est sûrement dû aussi au rapport de domination, réel ou fictif, qui en ressort. L'homme en plus de "posséder" la femme, le fait par des voies "non-prévues" à cet effet. Elle est dans une position "d'adoration" de ce qu'il considère comme l'atout majeur de sa virilité, lui conférant ainsi une impression de puissance qui en soit est un stimulant très puissant. Parce que, en fait, outre la récompense physiologique qui connaît son apothéose avec l'orgasme, il y a aussi la récompense psychologique liée à cette sensation d'être aimé, apprécié, désiré. Sans forcément tenir compte du fait que, s'il est naturel de ressentir du plaisir à la stimulation orale du pénis, il n'est pas tout aussi naturel d'en ressentir en l'honorant ainsi. Ça ne l'est même PAS DU TOUT!

C'est le fait de faire plaisir à l'autre qui en est le moteur premier pour celle ou celui qui taille la pipe. Son plaisir à elle/ lui va être totalement cérébral, donc, car jusqu'À preuve du contraire et sauf erreur de ma part, il n'y a pas de zone érogène à l'intérieur de la bouche qui soit stimulée par l'intéraction avec le pénis... C'est d'une répétition de l'acte, de l'établissment d'une complicité avec le partenaire qui en bénéficie, de la prise de conscience de l'excitation provoquée et surtout du pouvoir qui lui confère cet acte (1) que la/le partenaire "réceptive/f" va trouver SON plaisir érotique.
C'est quand l'association d'idées devient inconsciente (tailler une pipe= plaisir pour lui et pouvoir pour moi, tout en pretendant être soumise) que la femme peut prétendre à un quelconque plaisir. enfin je crois, qu'est ce que j'en sais? Je suis du "bon" côté de la pipe, de toute façon...


(1) c'est bien la femme qui le détient, à mon humble avis. Après tout, elle se retrouve avec notre membre en bouche, et est libre de nous donner beaucoup de plaisir ou beaucoup de douleur, selon ce qu'elle d'ecide de faire, raison pour laquelle il faut toujours refuser une fellation proposée par votre copine alors même qu'elle est en colère envers vous!...