Monday, November 29, 2010

his Beautiful Twisted Dark Fantasy...


À ce stade, vous aurez compris que ce blog est (aussi) une collection de coups de coeur, de réactions à chaud sur des choses qui m'ont interpelé, et notamment des "choses musicales". C'est la parfaite définition de ce dernier opus du fou génial qu'est Kanye West. Une CHOSE MUSICALE. Une chose indéfinissable, une chose qui dépasse les frontières des genres musicaux, qui nous emmène directement dans un univers unique, SON univers, qui a beau contenir les mêmes ingrédients de ceux de beaucoup de ses contemporains, donne naissance à un résultat complètement différent, atypique, unique. Kanye West mêle ses revindications politiques à son amour pour les bijoux clinquants et les fringues de couturier, ses relations tumultueuses avec les femmes et son haut degré de conscience sociale, son combat contre l'injustice et son combat pour maintenir son immense ego satisfait ET sous contrôle... Le tout avec beaucoup de dérision, beaucoup de sincérité, beaucoup de naiveté et de cynisme... et surtout, une virtuosité musicale à toute épreuve!

Cet homme n'a plus rien à prouver de ce côté là, il a d'ores et déjà écrit une belle page du hip hop mondial avec ses productions, pour d'autres artistes ou pour lui même. Son plus gros "échec" commercial, "808s & Heartbreak", a vendu 1.3 millions de copies rien que sur iTunes l'année de sa sortie. Il s'assoit donc sur ce succès commercial pour s'accorder d'autant plus de liberté créative, explorant des horizons divers, parfois assez éloignés du hip hop à base de samples soul des années 70 qui l'a fait connaître. Kanye West est, au même titre qu'OutKast, un ovni de la scène musical contemporaine, et il peut s'accorder les délires qu'il veut musicalement parlant. Il a assez de nom, de poids dans l'industrie du disque, d'ego et de grande gueule pour dire: "FUCK YOU! je vais faire la musique que JE veux, que J'AIME, et même si elle est différente de ce à quoi je vous ai habitués, même si les critiques me descendent en flèche, je vais la faire comme je l'entends. Et je vous garantis que vous allez l'aimer, tôt ou tard!" Et c'est exactement ce qu'il fait!

Kanye a dépassé le simple stade de la musique, il veut donner au monde une vision, sa vision condensée, décalée, rêvée, FANTAISISTE de la vie ici bas... Je ne fais pas de review de son nouvel album, "My Beautiful Twisted Dak Fantasy", je vous laisse le soin d'en découvrir le court métrage/ maxi clip ci dessus. Il résume tout ce qu'on pourra dire sur son album, sur sa mégalomanie, sur ses fantasmes, sur son Art. Oui, Kanye West est un ARTISTE au sens large. Et un Artiste POPulaire. Kanye n'est plus SEULEMENT Hip Hop*, il s'est ouvert au rock, à l'electro, à la soul, à la folk, au classique, il a mélangé tout ça dans son cerveau de malade et nous a sorti une POP bien particulière, forte, parfois dérangeante, souvent marrante, toujours intriguante, mais surtout intelligente. Je ne suis pas fan de tout ce qu'il a fait (808s est l'album de Mister West que j'aime le moins, je le trouve trop expérimental mais pas assez abouti, mais ça c'est mon avis perso...) mais je suis fan de sa démarche, de sa volonté de se renouveler, de se réinventer, de pousser toujours le bouchon un peu plus loin; je suis fan de sa mégalomanie justifiée par les heures de travail acharné dont le résultat est toujours de nature à me faire réagir, par la positive ou la négative. J'aime les artistes qui me font réfléchir à ce qu'est leur art, à la façon dont je la perçois et la reçois, et à ce qu'ils se proposent de faire avec. Pour cela, et même si le titre de l'album n'est plus celui que vous aviez prévu, you did a Good Ass Job, Mr. West!
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*l'a-t-il jamais été un jour, d'ailleurs?

Friday, November 19, 2010

Largués sur scène...


La vie, la vraie, n'a pas de didascalies. Les indications scéniques ne sont pas inscrites quelque part en italique, on nous dit pas comment jouer, où se placer, quoi dire à tel ou tel moment, où et quand marquer une pause, où et quand se retenir ou exploser... La vie est la scène d'un spectacle d'improvisation en continu, où l'on connait (et encore) la situation de départ, et on doit s'efforcer d'arriver au bout avec le moins de heurts possibles. Mais comme c'est en continu, la seule fin, c'est la sortie de scène définitive. Rideau sur une vie, mais le spectacle continue. Pour les autres. Avec les autres. Nous sommes des personnages en quête d'auteurs. Plutôt que de nous en remettre à un quelconque scénariste, nous devrions essayer nous mêmes, autant que faire se peut, d'écrire les Actes et les Scènes au fur et à mesure que nous les vivons, que nous les improvisons... En fonction des actions - réactions - interactions, fixons nous des objectifs, des envies, des buts, et avançons vers, sachant qu'on ne sait pas combien de temps il nous reste encore sur scène.

Aimons. Donnons. Partageons. Jouissons pleinement du privilège d'être acteurs dans cet Hollywood à ciel ouvert qu'est notre existence sur cette planète. Apprenons à faire abstraction des milliards de caméras, soyons aussi naturels que possible, sans viser l'Oscar, sans d'autre prétention que d'être les meilleurs possibles, dans ces rôles que nous n'avons pas choisis, mais que nous nous devons d'assumer, en bons professionnels de la vie que nous nous efforçons d'être. THE SHOW MUST GO ON!...

Thursday, November 04, 2010

Comment assumer sa BoBo attitude, par Glenn


BoBo = Bourgeois Bohême. Individu appartenant à la classe moyenne haute, mais sympathisant avec les codes et modes de vie des bohémiens et autres révolutionnaires se battant contre l'ordre établi à plusieurs niveaux. En gros, un mec qui a eu la chance de grandir à l'abri du besoin, dans un joli pavillon paisible, issu d'une famille de cadres, qui a les moyens de s'acheter le dernier iMac quand il sort, mais qui soutient les idéaux défendus par Che Guevara, Mai 68, cite à profusion les poètes maudits et manifeste contre l'expulsion de sans papiers en arborant un chandail JPG (le couturier excentrique, pas le format de compression d'images...), avant d'aller refaire le monde à la terrasse du Flore (si dans votre esprit vous vous demandez: "le Flore?..." vous n'êtes pas BoBo, vous voilà rassurés...).

Notez que je n'ai strictement rien contre les BoBos, je me soupçonne d'ailleurs fortement d'en être un par moments*! Ce que je voudrais c'est comprendre. Comme d'hab. Comprendre ce déni des "valeurs" de sa classe, sans pour autant renoncer aux privilèges; comprendre ce qui peut faire qu'on se mette dans la situation paradoxale de profiter des avantages de la bourgeoisie tout en mettant à mal, par le idées qu'on défend, le maintien de ceux-ci. Comme Frédéric Beigbeder qui a été (grassement rémunéré pour être) le responsable de la communication et image de Robert Hue, candidat communiste, pendant les présidentielles de 2002, alors qu'il est issu d'un milieu à mille lieues** de l'Internationale (Papa chasseur de têtes, grand frère homme d'affaires parmi les plus côtés de l'héxagone, lui... ÉCRIVAIN! La brebis galeuse, le bohémien, le paresseux, quoi...).



Le BoBo est-il un bourgeois immature en pleine crise d'adolescence? Se doit-il de passer par là, de se rebeller avant de devenir ce qu'il est, comme le dit si bien le slogan légendaire de la marque Lacoste?

Commençons par identifier le BoBo. Nous avons dressé son portrait socio-professionnel, décodé son génome, en quelque sorte... Mais est-il repérable "à l'oeil nu", comme ça, dans la rue?

Le BoBo est difficile à repérer pour l'oeil non averti. Ceci dit, une fois qu'on a en main les clés pour décoder, ça semble clair et limpide comme de l'eau de roche. Le BoBo aime se camoufler en "gent du peuple". Le BoBo va arborer un look négligé savamment étudié, poussant à l'extrême le mimétisme avec ceux qu'il admire. Il va porter la barbe de 15 jours, dont la longueur de poil sera minutieusement entretenue au quotidien, il va porter des vêtements qui, au premier abord, ne vont pas différer de beaucoup de ceux de la classe ouvrière, à quelques "détails" près. Son pull asymétrique diforme aura une petite étiquette Hermès, ses baskets de baroudeur seront signées Hugo Boss, son col roulé sous sa veste à coudières renforcées sera un Bompard de bonne facture, sa sacoche en véritable cuir de vachette proviendra des usines Calvin Klein, son keffieh portera un discret logo LV... Parce que, quand même, ce n'est pas parce qu'on imite les pauvres qu'on doit aussi en imiter l'inconfort! Le BoBo (tel Johnny Depp, un des spécimens les plus représentatifs) est donc attiffé comme un clochard, mais avec des fringues de prince! Cette allure doit trancher avec le costume trois pièces gris en semaine, polo Ralph Lauren et chaussures de voile le weekend, qu'on est en droit d'attendre de lui. Le BoBo voit dans son choix de vie une porte vers la liberté, un répit, une façon de repousser l'échéance fatale...

Oui, le BoBo a des responsabilités sociales que tôt ou tard il sera appelé à assumer, et IL NE LE VEUT PAS! Il le faudra pourtant, la survie de sa CSP+ en dépend grandement, mais il ne saurait s'y résoudre. Renoncer à la liberté de refaire lee monde sans commencer par changer sa vie en premier lieu, renoncer aux soirées de bohême dans le 10ème ou le 20ème arrondissement, là où vivent les "vrais gens" (sous entendu: "nous, les bourgeois, n'en sommes pas"), avec de vrais problèmes, le sel de la terre tandis que nous n'en sommes que le caviar... Cette recherche est, avant toute chose, une recherche de sa propre Humanité, une façon de demander pardon pour ce que leurs parents ont fait aux moins fortunés, et surtout de ce qu'ils s'apprêtent à faire à leur tour...

Être BoBo, c'est s'acheter une forme de bonne conscience, c'est demander pardon pour n'avoir pas eu à galérer, pardon parce qu'il s'identifie à "l'autre" gamin, le bien né, dans la chanson "Nés Sous La Même Étoile" d'IAM... Être BoBo, c'est avoir conscience que l'on va reproduire, tôt ou tard le schéma de ses parents... Mais le BoBo n'a pas l'excuse de dire qu'il ne "savait pas"...

Donc, pour en revenir au titre de cet article, il n'y a pas de formule miracle pour assumer son BoBo-isme. D'ailleurs, aussi incroyable que cela puisse paraître, beaucoup de BoBos, passée la période de culpabilité judéo-chrétienne, assument de façon décomplexée leur côté gauche caviar, je veux bien abollir les privilèges mais pas les miens. C'est aussi cela, la beauté de l'être humain: sa grande capacité de s'adapter à TOUT...

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*mon cas de figure est assez atypique, et ne rentre pas stricto sensu dans ce moule, ni dans aucun moule d'ailleurs... je suis un OutKast, même au sein de ma propre famille!

** je ne résiste pas à la tentation de faire remarquer l'allitération tautogrammatique du plus bel effet: "un milieu à mille lieues"! je me kiffe quand j'écris des choses comme ça tout à fait par hasard!