Saturday, December 05, 2009

Mon rêve familier

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blème,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l'ignore.
Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

Paul Verlaine

Wednesday, December 02, 2009

7:40 am (trublion depuis 1979)

Il y a des jours comme ça, où on ne sait pas trop... où on se dit, en regardant en arrière, que des choses auraient pu être différentes, que l'on aurait pu éviter cette erreur ou cet oubli, cette colère ou ce mot de trop... Il y a des jours où on se réveille, plus conscients que les autres jours, qu'on vit une vie imparfaite, dans un monde imparfait; qu nos désirs d'aujourd'hui sont parfois nos regrets de demain, que notre bonheur ne dure que tant qu'on comprend ce qu'il en coûte de se battre pour lui. Il y a des jours où, en sortant du lit, en rentrant dans la baignoire, à moitié endormi encore, pour accomplir une série de gestes mécaniques et quotidiens qui donnent le coup d'envoi de notre journée, on se dit: "j'ai pas envie..."

Ces jours là, ce sont justement ceux où il faut faire son possible pour rêver éveillé, pour remercier la vie de nous permettre, malgré tout, de goûter aux joies simples qui sont trop souvent négligées, noyées dans une vie qui a de moins en moins de sens. Des jours comme ça, je me dis juste que j'ai de la chance. La chance de vivre, d'aimer, d'être aimé, de rêver, de m'émouvoir... et ce depuis le 2 décembre 1979, à 7h40 du matin.

Alors je remercie ceux qui ont fait en sorte que ce soit possible; et je ne parle pas juste de mes parents et de ma conception biologique, mais de ceux qui, tout au long de ces 30 ans, m'ont connu, aimé, soutenu, nourri (de toutes les façons possibles), detesté, envié, combatu, ignoré, humilié, corrigé, réconforté, inspiré, stimulé, poussé, encouragé à voler le plus haut possible... Sans vous tous, je ne serais pas celui que je suis aujourd'hui, et erreurs ou pas, doutes ou certitudes, ce qui me semble juste est que vous êtes tous une partie de moi.

En me lisant, vous, inconnus, anonymes, curieux et chanceux(!), vous devenez une partie de moi aussi. Car vous donnez un sens à l'une des choses qui me tiennent le plus à coeur dans cette vie: l'écriture. Pas d'écriture sans lecteurs, et sans ça, ma vie aurait beaucoup moins de saveur, pour moi. Alors MERCI! Pourvu que je sois encore là, et aie toujours autant de chance dans 30 ans.