Friday, September 08, 2006

Quai Branly, colonies, etc...



Dimanche dernier j'ai visité le musée du quai Branly, à Paris. Je ne vais pas vous faire une description détaillée du musée, je n'en ai pas le talent ni la volonté. Je vais plutôt vous donner mon sentiment sur la genèse de cette oeuvre. Première question, qui est à mon sens essentielle, pouquoi ce musée? La raison pour laquelle je pose cette question est simple: c'est que ce musée, celui des arts d'Afrique et d'Océanie, EXISTAIT DEJA A PARIS! Eh oui, chers amis. Il se situait au Palais de la Porte dorée, à deux pas du Bois de Vincennes. Il datait même des années 1930, il s'appelait le Musée des Colonies et de la France Extérieure, et il avait vocation à exposer les oeuvres des colonies. Un beau batiment art nouveau, avec sur ses façades des fresques évocant ces lointaines contrées sauvages. Plus que leur art, il exposait les bons sauvages (le grand père de Karembeu en sait quelque chose, lui qui a été "montré" comme dans un zoo, comme un animal éxotique à une exposition antérieure). Depuis, dans les années 60, il est devenu, sous l'impulsion de Malraux à la culture, et suite aux premiers démélés de la France avec ses colonies, le Musée des Arts d'Afrique et d'Oceanie. Changent les termes, change l'enjeu: montrer l'Art de civilisations que certains supposaient sans art, alors même que l'art occidental s'en nourrissait grandement. Le Palais de la Porte Dorée étant promis à un avenir autre (il va devenir la Cité Nationale de l'Histoire de l'Immigration), le musée du Quai Branly a vu le jour. Plus grand, avec un pôle de recherche scientifique, un grand auditorium, et un fond d'oeuvres d'art qui semble inépuisable. Mais quel nom lui donner? Le même, musée des arts d'Afrique et d'Océanie? Non, il se veut plus large que son prédecesseur, et accueillir des oeuvres de toute l'Asie et d'Amérique aussi. Musée des Arts Premiers? le débat à fait rage dans les milieux intellectuels en France (premiers par rapport à quoi?), et finalement, il a le nom de son emplacement. Un hommage aux civilisations "non occidentales", à ces cultures lointaines, mais sans le folclore colonial de l'exposition de 1931, sans le côté "venez voir les sauvages". Une reconnaissance, tant le quartier où il se trouve est préstigieux (à deux pas de la tour Eiffel, et non plus au bord du boulevard périphérique), tant le projet fut important, tant l'architecte est connu et reconnu. Plus qu'un simple musée, le Quai Branly est une page qui se tourne, et qui permet à une autre de s'ouvrir. La Cité de la Porte Dorée, lieu chargé d'histoire, va devenir un espèce d'Ellis Island français. Un lieu où on pourra s'informer, réflechir sur la diversité de la France d'aujourd'hui. Pour ensuite parler d'un sujet qui est trop souvent utilisé à des fins politiques, mais qui appartient et devrait concerner tous les français: son histoire, et celle de son immigration, passée, présente et future.

3 comments:

Anonymous said...

ok gostei do artigo sobretudo da apresentação historica do mambo(mas essa tua jalousie com o karembeu!!!!)anyway estás de parabens e prometo que quando ai estiver iremos juntos visitar o museu dos "macacos" lol.

maddly said...

"La Cité de la Porte Dorée, lieu chargé d'histoire, va devenir un espèce d'Ellis Island français. Un lieu où on pourra s'informer, réflechir sur la diversité de la France d'aujourd'hui. Pour ensuite parler d'un sujet qui est trop souvent utilisé à des fins politiques, mais qui appartient et devrait concerner tous les français: son histoire, et celle de son immigration, passée, présente et future."

Je n'avais pas lu cet article et je n'ai pas non plus encore visité ce fameux musée... mais je me suis toujours posée des questions sur le bien fondé de ce genre de musées ou "expositions" à l'instar des grandes "expositions coloniales" auxquelles tu fais référence... Une raison simple à cette remise en question pourquoi faire un inventaire de la panoplie exotique de toutes les conquêtes françaises quand ce pays hautement démocratique ne peut se résoudre à un recensement sur des critères ethniques pour une plus grande visibilité de ces "citoyens de couleur" qui pèsent lourd dans la population française, tout comme au Canada, ou au Royaume-Uni où la question est traitée bien différemment!...

Unknown said...

je pense que c'est une démarche globale qui a du mal à être amorcée en France. mais le musée du quai branly n'est plus une panoplie exotique des conquetes françaises, mais une véritable réhabilitation de l'art de ces contrées lointaines. on ne peut nier qu'il s'agit d'art, quand tout le début du XXème siècle en europe s'en est largement inspiré... au point qu'on serait incapable de citer un visage peint par Picasso qui ne soit pas "africain" dans son esthétique. mais je suppose qu'il est plus facile de réhabiliter l'art que les personnes, car derrière il y a des problèmes qui doivent être levés qui remmettraient en cause les fondements même de cette bonne france. un pays si ouvert sur le monde mais qui n'arrive pas a reconnaitre ses enfants "differents", issus de son histoire pas toujours très glorieuse.