Tuesday, November 25, 2008

BURN, HOLLYWOOD BURN!

Le cinéma, quelle belle invention. Soudain, les Lumière furent et la Lumière fut, on a pu capter non plus l'instant mais le mouvement. Art à part entière dès sa création, il a inspiré d'autres arts, engendré des chefs d'oeuvre. Des premières expérimentations photographiques sur la décomposition du mouvement ( Eadweard James Muybridge) à la première séance de cinéma payante, le 28 décembre 1895, que de chemin parcouru. On pourrait ensuite commenter l'influence qu'a eu cet outil dans la vie et la construction du XXème siècle, mais ce qui m'intéresse est ce qu'il en est aujourd'hui.
De nos jours, quand on dit cinéma, on pense immédiatement Hollywood. C'est la Mecque actuelle, le lieu incontournable, l'usine à rêves, démesurée. La maîtrise de l'image, de plus en plus pointue, donne lieu à des exercices magnifiques, des tours de force en termes d'effets spéciaux que les frères Lumière n'auraient pas osé imaginer en leur temps. Mais quid de la faculté de raconter une histoire?

Je le dis sans honte, j'ai grandi avec le cinéma et la télé, ils ont eu un rôle majeur dans la formation de mon imaginaire, presque aussi important que les livres. J'ai dévoré avec délectation, et ce depuis mon plus jeune âge, les classiques Disney, les grands péplums ("10 Commandements", "Samson et Dalila"," Cléopâtre", et j'en passe), le suspense avec Hitchcock (j'en suis un inconditionnel, et hier encore je me suis régalé en revoyant "L'Homme Qui en Savait Trop"), la comédie musicale avec "West Side Story".

On peut me dire un peu pompeux de ne citer que des chefs d'œuvres reconnus de l'Histoire du 7ème Art. Je m'en fous, dans la mesure où ce sont avant tout des films qui m'ont fait voyager, vibrer, ressentir des émotions semblables à celles de la "vraie" vie, et surtout, m'ont permis de m'évader. En regardant L'Homme Qui En Savait Trop" hier, je me suis souvenu de mon voyage à Marrakech, de la place Jamaa el Fna noire de monde autour des saltimbanques et autres montreurs de serpent. et j'y suis retourné. J'ai eu l'étrange sensation que, avant même d'y aller, je la connaissais déjà, seulement je ne me suis pas souvenu du film une fois sur place. J'ai eu un double voyage dans le temps, un vers le moment où j'ai vu le film pour la première fois et découvert le dit lieu, et l'autre vers le moment où mon pied l'a foulé pour de vrai. Bref, c'est confus je sais, mais c'est ce qui s'est passé en moi en une fraction de secondes, c'est du ressenti immédiat que j'essaye de retranscrire et ce n'est jamais facile, vous en conviendrez...


Donc j'ai grandi avec tous ces films; Mais pas seulement. Il y a aussi eu les Rambo, les Indiana Jones, les Bruce Lee, les films de ninja, les Karaté Kid, E.T., etc, etc... et plein d'autres personnes qui ont grandi comme moi à cette même époque ont ces mêmes "classiques". C'est sûrement l'effet d'une nostalgie de cette période, mêlée de dégoût de voir la profusion de conneries qu'on nous fait avaler aujourd'hui, mais je trouve qu'il est de plus en plus rare de trouver des histoires bien racontées, bien ficelées et bien prenantes au ciné. Il y'en a toujours, ne soyons pas non plus totalement pessimistes, mais ce qui "marche" pêche très souvent (trop souvent) par manque d'approfondissement et une tendance "fourre tout" pour rendre ça digeste au plus grand nombre qui m'écœure un peu. Prenons pour exemple deux péplums récents, puisqu'il s'agit d'un genre que j'affectionne: "Troie" et "Alexandre".

Tous deux sur fond historique (et mythologique pour "Troie"), ils racontent des histoires documentés depuis des centaines d'années, des histoires complexes et passionnantes. Pour des soucis de billetterie, il était presque inenvisageable pour les producteurs de dépasser les 3h de film (même avec Brad Pitt ou Colin Farrel à l'affiche, l'ado boutonneux s'ennuie vite), encore moins approcher les 4 heures comme l'a fait Cecil B. De Mille pour "Les 10 Commandements". Alors on raccourcit, on coupe, on charcute l'histoire, l'Histoire, même! Je ne peux m'attendre à retrouver tous les détails de l'Illiade dans un film de 2h30, je ne suis pas à ce point bête. Mais pourquoi, alors que la guerre de Troie a duré 10 ans, on a l'impression dans le film que ça s'est joué en un week end? Les procédés pour signaler le passage du temps ne sont plus à inventer à Hollywood, le maquillage permet de vieillir de façon crédible des personnages, alors pourquoi raconter une telle histoire avec des lacunes aussi grossières? Les moyens sont bien supérieurs à ceux dont disposait De Mille, et bien moins onéreux, alors pourquoi ne pas les utiliser? Et pour ce qui est d'"Alexandre", ça n'a pas eu l'air de choquer grand monde que sa mère ait l'air d'avoir le même âge que lui...
Et tant qu'on y est, où est passé l'idéal unificateur de ce grand conquérant, qui voulait certes étendre l'influence hellénique aux confins du monde, mais aussi harmoniser les coutumes qui étaient les siennes avec celles des peuples conquis? Ce fut lui le premier mondialiste, le premier à comprendre les avantages du métissage et de l'abolition des préjugés culturels, car ces différences nous enrichissent. Quelqu'un peut dire, en sortant du film, qu'il a eu ne serait-ce qu'une allusion à ce projet, qui fut la véritable raison de sa courte mais glorieuse expédition de Macédoine jusqu'en Inde avec la "plus grande armée de l'antiquité"?


Bref, je demande peut être la lune, mais je n'ai pu m'empêcher d'être déçu par ces films, et comme eux, il y en a d'autres qui suivent la même voie, et qui auraient dû sortir directement en DVD. Heureusement, il reste des choses regardables au ciné. Peut être que ce ne sont pas les films qui marchent le mieux, mais ceux qui donnent envie de croire que, en ces temps de technologie et de maîtrise de l'image, il y a encore des conteurs parmi nous...

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